Le handicap dans le travail parlementaire vu des réseaux sociaux : analyse de Hamama Naïli

Le mot d'introduction d'Hamama Naïli au sujet de l'étude

« J’explore la manière dont les sujets sensibles s’expriment et évoluent dans les conversations publiques, en ligne, dans les médias ou au sein des institutions. J’ai notamment mené des études sur la visibilité de la santé mentale sur TikTok ou encore sur l’essor des agri-influenceurs. 

Le handicap est un sujet qui me tient particulièrement à cœur, pour des raisons personnelles et parce qu’il constitue un espace où se croisent enjeux d’accès aux droits, des représentations et de politiques sociales. Cette analyse répond à une démarche simple : comprendre comment ce thème est traité à l’Assemblée nationale, quels acteurs s’en saisissent et quelles dynamiques émergent, d’abord depuis 2017 dans une approche quantitative, puis de manière plus précise depuis 2024, après la dissolution. 

J’ai exercé au ministère de la Santé, au sein du bureau de la veille et de l’opinion, puis au cabinet de conseil Antidox. Je travaille désormais en freelance, où j’accompagne entreprises et organisations dans leurs besoins de veille stratégique, d’analyse de conversations et de compréhension des signaux faibles. »

Analyse des conversations autour de la SEEPH, du DuoDay et du 3 décembre

Pour mener cette étude, l’ensemble des tweets publiés sur X en lien avec la SEEPH (Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées), le DuoDay et la Journée Internationale des Personnes Handicapées du 3 décembre a été analysé sur la période du 1er novembre au 8 décembre 2025, à partir des données fournies par Visibrain.

« Avant d’examiner le travail parlementaire consacré au handicap, il est nécessaire de situer comment le sujet se diffuse dans l’espace public, notamment lors de rendez-vous qui rythment chaque année la mobilisation collective (SEEPH, DuoDay, JIPH). » introduit Hamama Naïli.

« X demeure l’un des principaux vecteurs d’expression institutionnelle, associative et médiatique autour du handicap et contribue à structurer la visibilité du sujet dans le débat public. »

Un mois marqué par trois temps forts institutionnels 

L’analyse effectuée par Hamama Naili autour des conversations met en évidence trois temps forts :

• SEEPH (16-22 novembre) : première montée en activité, portée par des communications institutionnelles
• DuoDay (20 novembre) : moment le plus visible de la période, avec un pic d’environ 450 tweets
• Journée Internationale des Personnes Handicapées (3 décembre) : volume le plus restreint (39 tweets), centré sur des messages de sensibilisation

Au total, la période rassemble :

• 1 945 tweets et retweets
• 1 041 utilisateurs
• 131 articles
• 42,1 millions d’impressions estimées

« L’activité observée repose principalement sur des prises de parole institutionnelles, territoriales et associatives, avec une conversation homogène, descriptive et non polémique » analyse Hamama Naïli.

La SEEPH : l'événement le plus structurant et le plus institutionnel sur X

La mobilisation autour de la SEEPH a connu une mobilisation dense et encadrée sur X avec plus de 349 tweets uniques, 908 tweets et retweets. Du côté des utilisateurs, ils ont été 388 à publier du contenu, 97 articles de presse ont été relayés et un pic est à souligner du 16 au 22 novembre.

Les contenus ont été homogènes et non polarisés, avec des messages principalement institutionnels provenant des ministères, de France Travail, des préfectures, de Cap Emploi ou encore de Agefiph ou de la FIPHFP (Fonds pour l’Insertion des Personnes Handicapées dans la Fonction Publique).

« Une conversation factuelle, stable, sans conflictualité, largement portée par des acteurs publics, territoriaux et associatifs. La SEEPH joue un rôle de moteur de visibilité : elle active fortement les réseaux institutionnels et emploi-handicap, générant une conversation structurée, homogène et peu diversifiée dans ses prises de parole » décrypte Hamama Naïli.

DuoDay et 3 décembre : visibilité forte mais conversation non politisée

Autour du DuoDay, 320 tweets uniques ont été publiés, pour un total de 1 102 tweets et retweets, émanant de 727 utilisateurs distincts. Le pic majeur intervient le 20 novembre, avec plus de 450 tweets publiés.

• Contenus positifs et opérationnels (duos, métiers et inclusion)
• Acteurs variés : collectivités, élus locaux, syndicats, entreprises
• Forte mobilisation des présidents de départements, sénateurs, réseaux emploi-handicap

« Il existe une visibilité forte, structurée par des récits d’expérience et des contenus valorisants, sans coloration politique marquée. » explique Hamama Naïli.  

Du côté de la journée du 3 décembre, la Journée Internationale des Personnes Handicapées est au centre de 66 tweets uniques, de 155 tweets et retweets. Le pic intervient lors de la journée officielle, avec 89 tweets publiés le 3 décembre. Parmi les thématiques dominantes :

• Les droits fondamentaux, l’inclusion et les valeurs républicaines
• L’importance de la sensibilisation et de la société inclusive

« Une visibilité plus faible mais fortement symbolique, centrée sur la sensibilisation et les principes d’inclusion » souligne Hamama Naïli.

« Le DuoDay et la JIPH génèrent une visibilité ponctuelle mais importante, portée essentiellement par des acteurs institutionnels, territoriaux et associatifs. La conversation reste descriptive, pédagogique et non polémique, avec une présence politique réelle mais limitée en volume. » conclue Hamama Naïli.

La participation des responsables politiques aux trois rendez-vous

La présence politique se révèle être réelle, mais limitée en volume. Une vingtaine de ministres, députés et sénateurs publient au moins un message lors de la SEEPH, de DuoDay ou de la JIPH. La majorité ne publie qu’un tweet.

Les prises de parole sont principalement factuelles avec des messages centrés sur la sensibilisation, la présentation d’initiatives les visites ou encore les actions locales. Aucun registre polémique, ni de prise de parole clivante n’est à souligner.

Les contributions sont surtout liées aux fonctions, avec par exemple une forte visibilité de Charlotte Parmentier-Lecocq (ministre déléguée au handicap). Une présence ponctuelle d’autres membres du gouvernement (Travail, Solidarités, Agriculture, Armées…) est à prendre en compte. Du côté du Parlement, des interventions dispersées venant de députés et sénateurs de différents groupes, sans tendance politique marquée.

Parmi le TOP 10 des profils les plus actifs sur le sujet sur X :

• Charlotte Parmentier-Lecocq (Ministre déléguée au Handicap) : 16 tweets
• Marie-Pierre Richer (Sénatrice LR) : 3 tweets
• Patricia Demas (Sénatrice LR) : 2 tweets
• Gérard Larcher (Président du Sénat) : 2 tweets
• Corinne Bourcier (Sénatrice LIRT) : 2 tweets
• Jean-Pierre Farandou (Ministre du Travail et des Solidarités) : 2 tweets
• Aly Diouara (Député LFI) : 1 tweet
• Audrey Linkenheld (Sénatrice PS) : 1 tweet
• Anne Bergantz (Députée MoDem) : 1 tweet
• Annie Genevard (Ministre de l’Agriculture) : 1 tweet

La conclusion d'Hamama Naïli

• Trois séquences distinctes et bien identifiées : chaque événement génère un pic de visibilité, avec des volumes et des tonalités différenciés
• Une mobilisation dominée par des acteurs institutionnels : les prises de parole proviennent majoritairement des ministères, préfectures, opérateurs publics, collectivités et réseaux emploi-handicap
• Une tonalité descriptive et non polémique : les contenus sont surtout informatifs, valorisants ou pédagogiques, sans registre conflictuel
• Une présence politique réelle mais faible en volume : quelques ministres, députés et sénateurs interviennent, mais leur contribution reste ponctuelle et ne structure pas les dynamiques de visibilité