Le secteur bancaire sur les réseaux sociaux


Le secteur bancaire occupe une place de plus en plus visible sur les réseaux sociaux, où les conversations entre utilisateurs, influenceurs et experts se multiplient. Cette dynamique s’explique notamment par l’émergence de nouveaux acteurs, qui bousculent les figures historiques et réinventent les usages bancaires. À travers l’analyse des tendances conversationnelles sur les réseaux sociaux, plusieurs signaux forts se dessinent, traduisant les nouvelles attentes des utilisateurs et les évolutions du marché.

Clémence Hutinet, directrice marketing de Visibrain et Mina Cantone, cheffe de projet social data intelligence Licter, reviennent sur les 5 grandes tendances qui marquent le paysage bancaire sur les réseaux sociaux.

Tendance 1 : une montée en puissance continue des néobanques sur les réseaux sociaux

Les néobanques s’imposent progressivement comme des sujets incontournables sur les réseaux sociaux. Sur le premier trimestre 2025, pas moins de 32 000 tweets leur ont été consacrés sur X. « Bien que ce volume reste 3 fois inférieur à celui des banques traditionnelles, il convient de rappeler que ces acteurs sont encore relativement récents sur le marché, avec moins de dix années d’existence », précise Clémence Hutinet.

Entre le premier trimestre 2024 et celui de 2025, les mentions des néobanques ont bondi de +86%, signe d’un engouement croissant. Leur visibilité dépasse désormais X pour investir TikTok, Instagram et d’autres plateformes, où elles bénéficient d’une image moderne et accessible.

Tendance 2 : la démocratisation de l'accès à la cryptomonnaie

Autre tendance forte : la montée en puissance des discussions autour de la cryptomonnaie. Longtemps réservée à un public averti, la cryptomonnaie s’invite désormais dans les conversations grand public.

« Malgré un ralentissement en 2023, lié à la baisse des cours, la courbe des mentions repart à la hausse depuis début 2024 » explique Mina Cantone.

Cette démocratisation confère aux néobanques un avantage concurrentiel stratégique, puisqu’elles proposent souvent des services cryptomonnaie simples et intégrés à leur application, là où les banques traditionnelles restent plus prudentes. Les plateformes social media deviennent ainsi un terrain d’expression privilégié pour cette nouvelle finance accessible.

Tendance 3 : le virement instantané, nouvelle norme des utilisateurs

Autre évolution marquante : l’adoption massive du virement instantané. En France, son usage a progressé de +84% entre 2022 et 2023, signe que les consommateurs attendent désormais des services immédiats et fluides.

Ce service, largement proposé par les néobanques, devient un véritable argument de choix pour les utilisateurs. À l’inverse, les banques traditionnelles, parfois à la traîne sur ce sujet ou appliquant des frais, se voient régulièrement pointées du doigt sur les réseaux sociaux. Cette tendance participe à renforcer la réputation innovante des néobanques et fragilise celle des établissements historiques.


Tendance 4 : l'écologie, facteur de différenciation dans l'image de marque

Les préoccupations environnementales influencent également la perception des acteurs bancaires sur les réseaux sociaux. Une différence marquée se dessine entre banques traditionnelles et néobanques.

Les premières, comme BNP Paribas, sont fréquemment associées à des termes négatifs tels que « greenwashing » ou « financement des énergies fossiles ». À l’inverse, des établissements comme Greengot bénéficient d’un discours largement positif, porté par des mentions de « valeurs » et de « banque verte ».

Cette disparité illustre l’importance pour les banques de travailler leur communication responsable et authentique pour rester crédibles auprès d’un public de plus en plus exigeant.

Tendance 5 : les frais bancaires et intérêts au centre des préoccupations

Les frais bancaires et les intérêts perçus par les utilisateurs alimentent régulièrement les débats sur les réseaux sociaux. Durant le premier trimestre 2025, plus de 7 000 publications autour des intérêts ont été publiés et 8 000 publications autour des frais bancaires.

De nombreux internautes expriment leur volonté de limiter ou supprimer ces frais, ce qui alimente la comparaison entre banques traditionnelles et néobanques. Ces dernières, souvent perçues comme plus transparentes et économiques, tirent avantage de ces discussions pour renforcer leur positionnement d’alternative plus juste et accessible.

Les banques qui tirent leur épingle du jeu sur les réseaux sociaux 

Aujourd’hui, l’ensemble des acteurs bancaires, qu’il s’agisse des établissements traditionnels ou des néobanques, sont actifs sur les réseaux sociaux, avec une présence particulièrement marquée sur trois plateformes : LinkedIn, Instagram et X.

Si les banques historiques misent surtout sur LinkedIn et X pour renforcer leur image corporate et institutionnelle, les néobanques se démarquent par une approche plus dynamique et ancrée dans les codes du digital.

Parmi les néobanques les plus actives, N26 domine sur Instagram avec 75 publications depuis janvier 2025, suivie de près par Revolut (60 publications) et le Crédit Agricole (54 publications), preuve que certains acteurs traditionnels tirent parti de ce levier.

L'exemple de la Société Générale sur les réseaux sociaux 

La Société Générale adopte une stratégie différenciée selon les plateformes. Sur LinkedIn, elle adopte un ton institutionnel et expert, axé sur des thématiques comme l’international, la marque employeur et l’actualité corporate. Sur X, elle privilégie un format informatif avec peu d’interactions, diffusant principalement des résultats financiers et des partenariats sportifs. En revanche, sur Instagram, la banque a su s’adapter aux usages de la plateforme avec des contenus pédagogiques et immersifs, via sa série « A Day With », qui met en avant les métiers du secteur de manière accessible et humaine.

L'exemple de Revolut sur les réseaux sociaux 

Côté néobanques, Revolut capitalise sur son ADN tech et international. Sur LinkedIn, la marque valorise ses équipes tech, ses recrutements et ses projets liés à la data, adoptant un positionnement proche de la culture startup. Sur X, Revolut met en avant ses nouveaux produits avec un ton résolument commercial, tandis que sur Instagram, elle privilégie des contenus plus légers et communautaires : memes, contenus humoristiques, jeux concours ou places à gagner pour des festivals. Une stratégie qui lui permet de toucher efficacement des audiences jeunes et connectées, tout en renforçant son image innovante.

Les banques qui engagent le plus sur les réseaux sociaux

C’est sur Instagram que les banques parviennent le mieux à engager leurs communautés. La plateforme, plus visuelle et interactive, offre un terrain d’expression particulièrement favorable aux contenus créatifs et lifestyle.

Si les néobanques restent très dynamiques, on observe également la percée remarquée de certaines banques traditionnelles comme le Crédit Agricole et la Société Générale, qui réussissent à capter l’attention grâce à des formats adaptés et des thématiques engageantes.

L’engagement connaît aussi des pics ponctuels liés à l’actualité. « Par exemple, N26 a fortement mobilisé sa communauté sur LinkedIn avec l’annonce de la N26 Team, suscitant de nombreuses réactions et partages. De son côté, le Crédit Agricole a généré un pic d’interactions sur Instagram en dévoilant son partenariat avec la Kings League, une compétition de football innovante et suivie par une audience jeune et connectée. » explique Clémence Hutinet.

Ces opérations démontrent qu’au-delà du volume de publications, la capacité à rebondir sur des actualités fortes ou à proposer des contenus événementiels reste le meilleur levier pour maximiser l’engagement.

Replay du webinar Visibrain x Licter