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Badbuzz
Jugé raciste à cause d'une vidéo, le début d'année a été mouvementé pour le Slip Français...

Maïlys Mas-Garrido
Directrice marketing

@M_Masga

2020 a à peine sonné que l’entreprise française de prêt-à-porter écoresponsable, Le Slip Français, signe son premier bad buzz sur les réseaux sociaux.

À l’origine de la grogne en ligne, une vidéo partagée en story sur Instagram montrant des employés de la société grimés en noir et déguisés en singe. Ce « blackface », rappelle celui qui avait touché la star du foot Antoine Griezmann en décembre 2017.

Visibrain, décrypte la propagation de la crise sur les réseaux sociaux et dans la presse en ligne.

Schéma de la crise Le Slip Français

Schéma de la crise le slip français

Les prémices du bad buzz Le Slip Français : le lanceur d’alerte

Comme dans la crise Starbucks de 2018, le lanceur d’alerte peut être n’importe qui.
Une story publiée sur les réseaux sociaux, même si sa durée de vie n’est que de 24 heures, peut être enregistrée et réutilisée. C’est ce qui s’est passé dans le cas de cette crise.

@Maisnoncestpasraciste, un compte Instagram luttant contre le racisme, publie, le 1er janvier, une vidéo d’une des employées de l’entreprise Le Slip Français qui part « chercher ses convives » grimée en noir et déguisée. Parmi ces fameux convives, l’un d’eux s’est déguisé en singe.

Voir cette publication sur Instagram

A l’aube de 2020, les actes racistes ont encore de beaux jours devant eux. Combien de fois il faudra dire qu’on ne se déguise pas en noir ? Que les cheveux des personnes noires, les cultures africaines, la couleur de peau ne sont pas des déguisements. Ce complexe de supériorité donnent le droit à ces personnes de comparer les personnes noires aux animaux... Encore une fois la « blackface » est un acte raciste. Se moquer, dénigrer et surtout déshumaniser des personnes, sous couvert de l’humour est inacceptable. PS : cette « super soirée » a été organisée par la charmante @la_balme et de sa copine @zoenwc le singe 🦧 @rolandlucas bravo ! #blackface #racismeordinaire #racisme #sosracisme #discrimitation #maisnoncestparaciste #maissicestraciste @ajplusfrancais @ajplusfrancais @maisnoncestparaciste @decolonisonsnous @decolonial.voyage @liguededefensenoireafricaine

Une publication partagée par Mais Non C’est Pas Raciste (@maisnoncestpasraciste) le

Dans ce post, le compte mentionne les trois comptes des personnes qui figurent sur la vidéo. Aujourd’hui leur compte Instagram et leur profil LinkedIn ont été suspendus.

C’est ce post Instagram qui va mettre le feu aux poudres. Les partages sur Twitter, commencent environ 24 heures après la publication sur Instagram. Les retweets affluent en masse et l’affaire s’ébruite peu à peu sur la Toile.

Tweets les plus partagés sur la crise du Slip Français entre le 2 et le 3 janvier 2020

Plus de 86 000 tweets publiés sur la crise du Slip Français

En tout, on compte 86 146 tweets publiés par 41 730 internautes. Ce chiffre peut paraître dérisoire au vu des actualités de ce début d’année 2020. En effet, les grèves liées à la réforme des retraites ont engendré 7 fois plus de tweets depuis le 3 janvier. Également, on compte 4 fois plus de tweets publiés en France sur les incendies qui ravagent l’Australie sur la même période de temps.

Toutefois, comparé à l’activité normale autour de la marque, cela représente 717 fois plus de tweets publiés par jour, ce qui est loin d’être négligeable.

La presse s’empare de l’affaire et rend audible la crise du Slip Français au-delà des réseaux sociaux

Le premier média à avoir communiqué sur cette crise est Thotis Media, dans cet article publié le 3 janvier au matin.

Premier média crise le slip français

Une dépêche AFP est envoyée quelques heures après aux médias, générant ainsi de nombreuses reprises. Aujourd’hui, on compte en tout 285 articles partagés en ligne sur la crise Le Slip Français.

Revue de presse crise le slip français Revue de presse de la crise du Slip Français triée par impact sur Twitter.

Entre l’alerte et la réponse du Slip Français plusieurs jours se passent…

Le compte Twitter du Slip Français prend la parole, face à ces accusations, dans un tweet le 3 janvier à 12h06. C’est donc 48 heures après la publication du post Instagram et 16 heures après la publication du premier tweet à ce sujet.

Twitter est le lieu d’expression par excellence et qui dit expression, dit également revendication. Mais sur Instagram aussi des sujets peuvent faire polémique, donnant ainsi naissance à des crises-image pour les entreprises, d’où l’importance de veiller également ce réseau social, en complément de Twitter.

Vous aussi veiller vos sujets et votre marque sur Instagram afin d’être alerté en cas d’activité anormale !

Crise et appel au boycott ? Un engrenage bien huilé

De nombreuses crises passent et se ressemblent sur les réseaux sociaux. Leur propagation tente à reproduire des schémas similaires :

  • Le lanceur d’alerte publie en ligne
  • L’indignation monte petit à petit mais reste au sein de la même bulle
  • Les premiers appels au boycott sont lancés
  • Les multiples partages contaminent d’autres communautés
  • La presse s’empare du sujet
  • L’entreprise incriminée répond
  • L’appel au boycott se consolide
  • La crise finit par se tasser mais une trace indélébile reste visible en ligne

Dans le cas du Slip Français, comme dans celui de Starbucks en 2018 ou celui d’H&M en 2018, l’appel au boycott émerge et se consolide rapidement sur les réseaux.

Top hashtags crise le slip français

La graine est plantée et a le temps de germer, entre le premier post du 1er janvier et la réponse de la marque le 3 janvier. Des mots et expressions forts de sens émergent tels que « racisme », « raciste » ou encore « blackface ». Plus d’un tweet sur 4 appelle au boycott du Slip Français.

La crise du Slip Français soulève des questions sur la notion de vie privée et de droit du travail

Face à l’ampleur du phénomène, l’entreprise Le Slip Français annonce qu’elle va “sanctionner fermement” les employés, dans ce tweet :

Comme on peut le voir en réponse à ce message, les mesures prises par la société ne semble pas faire écho en ligne.
En revanche, cette annonce déclenche une série de questionnements quant à la notion de vie privée. Certes les employés sont les garants de l’image de leur entreprise, mais jusqu’à quel point ?