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B Corp est avant tout une communauté d'entreprises engagées et un mouvement collectif. Comment faites-vous vivre cette voix collective sur les réseaux sociaux, tranditionnellement pensés pour des marques "individuelles" ?


Notre rôle est justement de faire vivre cette voix commune et d’incarner le mouvement dans sa pluralité. Plutôt que de communiquer comme une marque unique, nous mettons en avant les actions concrètes des entreprises certifiées. Cela passe par des formats collaboratifs comme des campagnes collectives (Mois B Corp, campagne des 500 B Corp), prises de parole croisées principalement lors d'événements (annonce de la certification B Corp de Clarins au salon ChangeNow), relais des initiatives et des événements de la communauté.

Ces formats, en plus d'être incarnés, permettent de montrer la force d’un mouvement plutôt que d’une marque isolée.

On observe une hausse de la notoriété du label, notamment auprès d'un public plus jeune. Quelles stratégies digitales vous ont permis de toucher ces nouvelles audiences ?

D’après l’étude européenne de notoriété de la marque B Corp, la reconnaissance de la marque a progressé ces dernières années. Cette évolution est avant tout le fruit d’un travail collectif, fondé sur la co-création et la diffusion de messages clairs, pédagogiques et accessibles. Nous avons pris soin d’adapter nos formats (carrousels explicatifs, vidéos incarnées, études de cas…) pour rendre des sujets parfois complexes (impact, réglementation, nouveaux standards B Corp…) plus compréhensibles, sans jamais simplifier à l’excès le fond.

Aussi, nous cherchons à rendre visibles les visages derrière les entreprises (dirigeant·es, salarié·es) car ces prises de parole incarnées créent des ponts naturels avec des audiences plus jeunes, en quête de récits sincères et porteurs de sens.

La mise en avant d’exemples concrets d’entreprises engagées joue un rôle central : ce sont elles qui rendent le mouvement tangible et crédible auprès du grand public. Inversement, ce sont aussi ces entreprises qui contribuent activement à faire connaître B Corp à leurs consommateurs. Pour cela, nous travaillons à leur fournir les bons messages et outils, afin qu’elles puissent à leur tour renforcer la notoriété et la légitimité du mouvement.

Vos publics sont très divers : entreprises (B2B), citoyens, futurs talents... Comment adaptez-vous vos messages pour que les réseaux sociaux servent de trait d'union entre ces différentes audiences ?

La diversité des publics est une vraie richesse. Nous ne changeons pas notre discours de fond selon les audiences, mais nous modulons le niveau d’expertise, le ton et les points d’accroche.

Par exemple, un post LinkedIn destiné aux dirigeants va insister sur la stratégie et la gouvernance à impact, tandis qu’un format Instagram s’appuiera sur une initiative concrète, visuelle et inspirante. Nous utilisons aussi beaucoup le storytelling pour relier ces publics entre eux : montrer qu’une même entreprise peut inspirer à la fois des pairs, des citoyens et des talents, simplement sous des angles complémentaires.

Les réseaux sociaux valorisent beaucoup l'authenticité et les histoires humaines. Comment B Corp met-il en avant les actions concrètes des entreprises certifiées plutôt que des messages corporate ?

Nous privilégions grandement des récits incarnés : témoignages de dirigeant·es, collaborations entre B Corp, rétrospective d'évènement… Ce sont ces histoires qui font réellement vivre le mouvement. Cette approche authentique repose sur une communication documentée et concrète : plutôt que de parler des B Corp de manière abstraite, nous racontons ce qu’elles font, comment elles le font et pourquoi cela compte.

Pour rester authentiques, nous devons aussi montrer l’exemple : nous utilisons donc nos réseaux sociaux pour relayer les actions concrètes de B Lab (plaidoyer, programmes, événements), ainsi que celles des B Corp comme des initiatives tangibles sur les droits humains, la nature ou encore la gouvernance par exemple. Certaines actions ne peuvent pas toujours être facilement illustrées, mais il est de notre devoir de partager ces informations afin de rendre le mouvement vivant et crédible.

Enfin, nous nous appuyons sur des moments collectifs clés, comme la campagne du Mois B Corp, pour encourager les rencontres entre entreprises sur le terrain. Ces temps forts nourrissent l’authenticité de la communauté et montrent concrètement comment les valeurs B Corp prennent vie au sein de chaque organisation. Nous nous efforçons également de faire vivre la communauté au-delà des écrans : événements, rencontres, échanges humains… Ces expériences sur le terrain créent de l’authenticité, qui peut ensuite être relayée et valorisée à travers les médias.

Le label B Corp est une marque collective : comment gérez-vous la réputation partagée entre toutes les entreprises certifiées, et quel rôle jouent les réseaux sociaux dans cette protection / valorisation ?

En effet la réputation de B Corp repose autant sur le réseau global de l'ONG B Lab que sur les entreprises certifiées B Corp elles-mêmes. Les réseaux sociaux jouent un double rôle : ils sont à la fois un levier de valorisation et un outil de vigilance.

Nous prenons le temps d'accompagner les entreprises pour une bonne utilisation de la marque (via des guidelines et des échanges réguliers), et nous menons une veille active pour repérer les usages incorrects ou potentiellement problématiques. Parallèlement, nous valorisons également les bonnes pratiques pour nourrir un cercle vertueux : montrer des exemples inspirants encourage l’ensemble du mouvement à maintenir un haut niveau d’engagement.

Comment la veille des réseaux sociaux vous aide-t-elle concrètement à repérer des signaux faibles, à amplifier les réussites, ou à détecter les risques autour du greenwashing par exemple ?

La veille est un outil stratégique au quotidien pour B Lab France. Elle nous permet d’identifier très tôt des signaux faibles, qu’il s’agisse de tendances émergentes, de discours critiques ou de prises de parole marquantes de B Corp. Concrètement, nous l’utilisons pour :

  1. Repérer des initiatives inspirantes au sein de la communauté et les amplifier,
  2. Détecter des usages inappropriés de la marque ou des erreurs pour pouvoir réagir le cas échéant,
  3. Anticiper des polémiques potentielles, notamment autour du greenwashing ou de sujets sociaux sensibles.

Au-delà de la protection de la marque, cette veille alimente également notre stratégie éditoriale, en nous permettant d’ajuster notre communication en temps réel et de rester en phase avec les conversations et attentes de la société.

Quels sont, selon vous, les enjeux à venir des réseaux sociaux pour un label comme B Corp par rapport à une marque "classique" ?

Pour un mouvement collectif comme B Corp, les réseaux sociaux sont un terrain d’expression unique mais complexe. Ils nous obligent à raconter une histoire commune à travers une multitude d’acteurs, tout en maintenant cohérence et crédibilitéLes nouveaux standards B Corp viennent justement renforcer cette cohérence, en définissant clairement ce que signifie être une B Corp aujourd’hui et en fixant des exigences précises pour toutes les entreprises certifiées.

Les enjeux à venir sont multiples et étroitement liés à la sortie de ces standards :

  1. Renforcer le sentiment d’appartenance à la communauté, grâce à des formats plus participatifs et engageants,
  2. Maintenir une rigueur forte sur la réputation collective, à mesure que le mouvement grandit et gagne en visibilité,
  3. Vulgariser des sujets complexes, afin de rendre l’impact tangible et accessible au plus grand nombre.

Au cœur de cette stratégie, il s’agit de trouver un équilibre entre animation communautaire, storytelling collectif et vigilance stratégique.