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Discours anti-vax, nouvel ordre mondial, chemtrails, transvestigation, Terre plate les théories du complot sont nombreuses et ne cessent de se réinventer au fil de l’actualité et de leur banalisation par des figures publiques comme Donald Trump. A tel point, que sont même advenues les « complotismes sans théorie ». 

Le tout sur le terrain fertile des réseaux sociaux qui offrent une caisse de résonance sans égal à ces théories. 

"Connais l'adversaire et surtout connais-toi toi-même et tu seras invicible." Sun-tzu

Alexis Poulin, Silvano Trotta, Zoé Sagan, Étienne Chouard … Vous venez de recevoir une alerte Visibrain : votre client est mentionné par l’un de ces comptes. Le propos détonne des mentions habituelles remontées par votre plateforme de veille : votre client, un acteur historique de l’aéronautique français, aurait été de maille pour fomenter la simulation de l’alunissage de 1969 !

Comment réagir face à cette mention, qui cumule quelques centaines d’interactions déjà ?

Avant toutes choses, il convient d’identifier l’émetteur et de comprendre sa communauté.

Les complotistes peuvent être classés dans 6 grandes familles, selon le centre de ressources pour la prévention des radicalités sociales (CRPRS) :

  1. « Nouvel Ordre Mondial », « État Profond », « réseaux pédocriminels élitistes »
  2. Pro-Kremlin, antiaméricanisme, « terrorisme fabriqué »
  3. Antisémitisme, antisionisme, antimaçonnisme
  4. "Grand Remplacement", anti-Islam, identitaires
  5. Covido-scepticisme, anti-masque, anti-vax
  6. Pseudo-science, ésotérisme, "santé alternative"

Dans votre cas, il est possible que le signataire de la mention appartienne à la deuxième catégorie, pro-Kremlin ou antiaméricanisme. Une tentative de déstabilisation de la part de la Russie, qui a déjà par le passé affirmé vouloir enquêter sur les alunissages américains pour « révéler ce qui est arrivé » en 1969

Une fois sur le feed X de votre accusateur, vous constatez que ce dernier est également friand de la théorie des chemtrails : les traînées blanches laissées par les avions seraient en réalité des épandages chimiques destinés à contrôler la population.

Les théories du complot peuvent souvent s’intriquer entre-elles. Toujours selon le CRPRS, il est ainsi possible de classer votre émetteur par intensité complotiste :

  1. Modéré : entre une et deux théories du complot promues par le site.
  2. Forte : entre trois et six théories du complot promues par le site
  3. Très forte : Sept théories du complot ou plus promues par le site

Il est à présent possible de qualifier clairement le contenu : un compte complotiste, pro-Kremlin, adhérant à l’idée de l’État Profond.

En se renseignant sur des sites comme Conspiracy Watch et des podcasts comme Complorama ou les Déconspirateurs il est possible d’identifier les comptes et sites complotistes pour une qualification claire auprès de votre client.

Communauté et influence : quand le complot tourne en rond

Si les théories du complot gagnent en influence en France (79% des Français croient à au moins une théorie complotistes), il est important de bien analyser le rayonnement d’une mention d’un client par un compte complotiste. Bien souvent, ces comptes prêchent, et font réagir, des convaincus. Ainsi, une centaine de likes et 50 retweets par des comptes complotistes est synonyme d’une influence à modérer. La théorie complotiste n’essaime pas. À contrario, si la mention est reprise par une figure publique ou par un média certifié, elle peut devenir virale avec un nombre restreint d’interactions.

Autre indicateur à étudier : l’influence de l’émetteur. Le compte rayonne-t-il à un niveau international comme Jean-Jacques Crèvecœur, auteur et conférencier belge, actifs sur les sujets de la pandémie de COVID-19 et les élites mondialistes ou Candace Owens, commentatrice politique américaine, trumpiste, connue pour avoir relayé l’infox transphobe sur Brigitte Macron? S’agit-il au contraire d’un compte X très actif, mais peu connu du grand public, voire des sphères complotistes elles-mêmes ?

Rassurer son client : n'est pas Candace Owens qui veut

Les théories complotistes sont nombreuses et n’importe qui peut s’en emparer. Il est donc important d’informer son client sur l’émetteur, la nature de la théorie et son influence (quelle diffusion, selon quels canaux, au sein de quelle communauté).

Bien souvent, la mention ne sort pas des sphères complotistes et ne mérite pas de réaction. Dialoguer avec des interlocuteurs adhérant à des théories complotistes est périlleux, encore plus en terrain digital. Le client, partie prenante du complot, ne pourra tenir qu’un langage de mensonge. Le mieux est encore de laisser filer, comme l’explique la psychothérapeute Hélène Romano : « par rapport à des gens qui aiment ce type de propos, plus on va essayer d'argumenter pour raisonner, plus on va contribuer à alimenter leur propre raisonnement complotiste ».  

Si la mention prend de l’ampleur ou est signée d’un émetteur influent, il convient alors de s’exprimer pour apporter un contre-discours. Trouver les bons canaux est essentiel : la cible n’est pas le complotiste, qu’il est presqu’impossible de faire changer d’avis, mais le public dont l’avis n’est pas tranché. Plusieurs stratégies sont possibles : démonter un par un les arguments complotistes en réintroduisant les nécessaires preuves scientifiques et de la contradiction, tout en restant bienveillant, ou s’en remettre à l’humour, pour dédramatiser l’importance du discours complotiste et en souligner l’absurdité, toujours avec bienveillance.

Le mot de la fin de Juliette Hammé de Backbone

Pour parer aux discours complotistes, il est ainsi essentiel de factualiser les choses : émetteur, théorie concernée, communauté touchée, influence du propos. Une fois ces données en main, il est possible de conseiller votre client, répondre, pour éviter une dissémination outre-sphères complotistes, ou laisser filer